Des femmes journalistes mieux formées mais plus précarisées

Malgré la prise de conscience tardive de la sous représentation des femmes dans les rédactions, les écoles de journalisme tentent tant bien que mal d’éradiquer cette inégalité en opérant à l’entrée du master une sélection paritaire. L’école de Bordeaux ne déroge pas à la règle. En plus d’être sous représentée, la plupart d’entre elles obtienne des contrats précaires. Quand est-il des étudiantes de l’école de journalisme de Bordeaux ?

Interrogée, la sociologue Cégolène Frisque auteure de Le journalisme au féminin (2010, PUR), parle de la place des femmes dans la profession mais aussi dans les écoles. « Elles ont déjà un effet sur la féminisation. Les femmes sont majoritaires en école de journalisme » explique-t-elle. L’école de journalisme de Bordeaux ne fait pas exception à la règle.

« Les femmes sont majoritaires en école de journalisme »

A la naissance de l’IUT de journalisme, les hommes étaient plus nombreux, puis la parité a peu à peu progressé.

Depuis la naissance de l’IJBA, la politique de l’école à pris un virage à 180°. Désormais, il y a autant d’élèves femmes que d’hommes.

Si la féminisation est en route à l’IJBA, notons qu’en 50 ans : seules 40 % des diplômées étaient des femmes. 

Aujourd’hui les femmes sont majoritaires dans les formations au journalisme en France, relève Cégolène Frisque. Mais la parité n’est pas respectée au sein des rédactions : « Les différences hommes-femmes se dégagent plutôt dans l’accès, le maintien et la sortie du métier ». 

Premier exemple : 1066 élèves sortant de l’école bordelaise ont la carte de presse. Mais seulement 40 % de ces détenteurs sont des femmes.

Les femmes journalistes sont plus touchées par la précarisation que les hommes.

« Les femmes sont globalement plus nombreuses au sein de ces emplois instables notamment en CDD et un peu plus nombreuses en piges ». – Cégolène Frisque-

Les anciennes étudiantes de l’IUT ou de l’IJBA sont plus concernées par les emplois instables. Il y a plus de femmes pigistes ou en contrat à durée déterminée que d’hommes.

Plus encore, la sociologue souligne que « les écarts sexués se ressentent également dans les strates intermédiaires de ces emplois précaires, notamment au niveau des revenus ». En proie aux emplois instables et à des salaires moins importants que ceux des hommes, les femmes journalistes sont bel et bien victimes de la précarisation.

A l’image d’autres professions, elles sont quasiment absentes des postes à haute responsabilité. « Depuis les années 90, les femmes commencent à avoir des postes de direction mais la majorité est attribué à des hommes » renchérit Edith Rémond. Les élèves sortant de l’IUT ou de l’IJBA ne font malheureusement pas exception à la règle.

« Pour émerger dans un espace médiatique, une femme doit être meilleure qu’un homme, elle doit bosser plus, et ne peut pas se permettre un faux pas ou une information erronée. Elle doit être plus exigeante. » -Edith Rémond-

Si l’IJBA participe à la féminisation du journalisme, les mécanismes de genres et les inégalités subsistent bel et bien au moment de la professionnalisation.

«Une idéologie domine dans le journalisme : la profession serait asexuée, universelle. Une deuxième étape est nécessaire pour réduire ces écarts sexués. Les hommes et les femmes pratiqueraient le journalisme de la même manière. Mais les choses sont bien plus complexes que cela », conclut Cégolène Frisque.

 

Article réalisé par Bradley De Souza, Lysiane Larbani, Julie Lasalle, Constance Vilanova et Anne-Fleur Lespiaut

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